12/01/2014

Neverdays - Alizé Meurisse

Cet article est paru dans le numéro 9 du webzine Feather, en ligne ici: click


Neverdays est le troisième roman de Alizé Meurisse et je n'en avais pas entendu parler avant. Comment ? Mais où étais-je et que faisais-je ? 


Alizé Meurisse par Raphaël Lugassy


C'est dans un magazine qui présentait son livre mi-août, pour la rentrée littéraire que j'ai finalement découvert ce phénomène littéraire et, après avoir fureté sur le net à la recherche de plus d'informations, je me suis plongée dans son univers. Neverdays est un livre pas trop épais à la couverture sombre, édité par Allia et mis en évidence dans le rayon rentrée litté de mon libraire. 

 

Alizé Meurisse a quitté Paris pour s'installer à Londres et elle n'est âgée que de 27 ans. Ses deux premiers romans, Pâle sang bleu (2007, Allia) et Roman à clefs (2010, Allia) avaient été remarqués par les critiques et, après avoir lu Neverdays, j'ai bien envie de me les procurer aussi, pour voir l'évolution durant ces six années et parce que l'univers de cette artiste m'interpelle, tant sur le fond que sur la forme.
 Je dis artiste en appuyant fort sur ce mot, car Alizé Meurisse ne se contente pas d'écrire, elle est aussi photographe et peintre. On a pu voir quelques unes de ses peintures au Grand Palais (Paris), au mois de juin dernier.


 Au Grand Palais

Mais revenons à son dernier roman, Neverdays.
C'est l'histoire d'un type dont toutes les femmes rêvent: une star de cinéma qui ramasse les donzelles à la pelle et se fait un max d'argent en tournant des films à gros budget, tout ça parce qu'il a un sourire digne des meilleures pub Colgate.
Est-il heureux pour autant ? Bien sûr que non. Notre star ressent une forme de vague à l'âme, de trop-plein des rapports creux, et c'est dans cet état d'esprit qu'il va découvrir un moyen de devenir ponctuellement quelqu'un d'autre, grâce à un médicament qui permet de troquer son ADN pour un autre. Et notre star va se transformer en un type lambda comme vous et moi, qui bedonne et qui calvitie et qui a les jointures qui craquent.
Ah, devenir quelqu'un d'autre ! Au fond c'est tout ce qu'il demande, comme ça peut nous arriver à tous, brièvement, par période, ou carrément tout le temps. Mais si on peut s'arranger avec des petites tricheries de temps en temps, le héros de Neverdays, lui, va subir de plein fouet les conséquences de ses actes.


J'ai lu qu'on comparait le roman de Alizé Meurisse au Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde, et si pour ma part je n'aurai pas fait spontanément ce parallèle, il est vrai qu'on y retrouve un côté fantastique et conte initiatique entremêlés, tout comme dans le célèbre roman. Mais l'écriture est très différente, on trouve dans Neverdays une forme de sinuosité qui nous perd parfois, des morceaux de phrases en anglais, non traduites, des digressions par kilos. Et surtout il ne s'agit pas ici de rester jeune et beau, mais plutôt de retrouver une liberté et une simplicité que la célébrité ne permet plus, et dont le héros a besoin comme d'une drogue.

Alizé Meurisse nous amène à voir le monde à sa façon, avec dérision et cynisme, un côté No futur distillé dans ces digressions incessantes qui nous prennent à l'entrée du livre comme un fil doré tissé dans la narration, et qui ne nous lâche pas.
 Petite voix persistante qui dégaine ses vérités et ses réflexions sur les rapports homme-femme, le capitalisme, les genoux des éléphants, le dentifrice bon marché, bref la vie, on se demande où elle va chercher tout ça, et on a presque l'impression que le récit est un prétexte pour nous communiquer une foultitude d'autres choses, toutes les choses qu'Alizé Meurisse écrit dans ses carnets, les notes de tous les jours et l'observation qu'elle fait de la société qui l'entoure. On navigue entre ses phrases incisives et mordantes de réalité tout au long du roman. Et quand vient la fin on en veut encore.


Pour poursuivre l'aventure, il nous reste ses peintures, dans lesquelles elles mélange différentes techniques et matériaux, collages, bouts de phrases (morceaux des ses romans), et toujours ce style incendiaire, tout en légèreté dans son roman mais qui prend une dimension plus profonde dans ses oeuvres.


 Salomé, de Alizé Meurisse

 Ah!, de Alizé Meurisse

Si tu as encore une hésitation avant de te plonger dans l'univers de Alizé Meurisse, tu peux l'entendre causer et lire des morceaux de son livre ici.

Elle a aussi mis en ligne dernièrement (octobre) une petite vidéo avec ses mots tapés à la machine, un beau montage et une approche différente de son écriture, ça se passe ici.

Par ailleurs, et je te le dis par pure cancannerie, sache qu'elle réalise les pochettes d'albums d'un rockeur dont elle est l'amie, et qui est très très connu -ce qui donne aussi un éclairage différent à son dernier roman. Et pour ne pas trop faire ma rédactrice people, je vais te laisser chercher par toi-même quel est cet artiste particulier. Un indice: c'est l'ex-chanteur de The Libertines. Hééé oui.

Pour te tenir au courant de l'actualité de Alizé Meurisse, tu peux aussi te rendre sur son site, ici

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