(Extrait d'un article paru dans le webzine Feather en octobre 2013. J'y inventais un personnage, Betty Joyson, pour accompagner la lecture du livre Sur la route.)
(Kerouac)
Une
liste non-exhaustive des choses à savoir sur Kerouac pour briller en
société
1° Kerouac est
franco-canadien et il parle exclusivement français jusqu'à l'âge
de 6 ans. Il écrit le premier jet de Sur la route dans sa langue
première. Il va vivre un moment à Paris et chercher à retrouver la
trace de son ancêtre breton.
2° Kerouac
rempli plein plein plein de carnets durant ses nombreux voyages, et
pendant des années, carnets desquels il va tirer tout le matériel
pour écrire -selon la légende- son tapuscrit de Sur la route en
trois semaines. Ce tapuscrit que l'on appelle « rouleau
original » et qui fait -ça, ce n'est pas une légende- plus de
trente mètres de long. Il tient également une correspondance
assidue avec tous ses amis, correspondance dont il dit que « c'est
peut-être ça, le vrai livre. »
3° Sur la route est un
livre autobiographique, dont le héros est en fait, à mon sens, Dean
Moriarty, pseudonyme que Kerouac donne à son ami et compagnon de
voyage Neal Cassady. Lui-même s'invente le nom de Sal Paradise, et
il rebaptise ses amis William S. Burough (auteur du Festin nu) en Old
Bull Lee, et Allen Ginsberg (Howl) en Carlo Marx. En fait, à
l'origine, Kerouac n'avait pas masqué l'identité des protagonistes,
mais pour se faire éditer, il a dû transformer les noms.
4° Kerouac
a été marié trois fois, et de son second mariage est née une
fille qu'il n'a jamais reconnue.
5° Le succès de son livre Sur la
route va participer à la création du mouvement beatnik, auquel
Kerouac n'adhère pas, et dont il se méfie même. Il va petit à
petit s'éloigner de certains de ses amis et des étiquettes
politiques que les uns et les autres tentent de lui coller sur le
dos. Entre ceux qui le trouvent trop révolutionnaire et ceux qui
voudraient le voir s'engager dans la contestation, Kerouac, qui
devient bouddhiste, puis fervent catholique, et qui, semble-t-il,
voudrait simplement écrire sa vision du monde, se trouve balloté et
mis à mal par l'ensemble de la société américaine.
6° Il
meurt retiré à la campagne auprès de sa troisième épouse et de
sa mère, à l'âge de 47 ans, d'une maladie liée à son alcoolisme
et sans un kopeck en poche.
7° Le terme « Beat
Generation » vient de « beat » qui signifie en
argot brisé, fatigué, cassé, qui évoque aussi le beat, le
battement du jazz, musique dans laquelle baigne ce mouvement
artistique, et, pour Kerouac qui est francophone, ce terme ce
rapproche également de béat, la béatitude.
(Burroughs, Ginsberg, Kerouac)
Et
Betty Joyson dans tout ça ?
On parle essentiellement
des hommes quand on évoque la Beat Generation, et pourtant de
nombreuses femmes ont accompagné les héros de ce mouvement
artistique et social. Elles étaient, certes, les compagnes et les
épouses délaissées des hommes à la vie dissolue, mais elles ont
de leur côté aussi voyagé, écrit, peint, bref, exprimé leur
propre vision du monde. Entre l'éducation des enfants assumés ou
non par les hommes, et les diktats d'une société misogyne dans les
Etats-Unis des années 50, elles ont tenté et parfois réussi à
passer à la postérité, avec il est vrai, moins de succès que
leurs homologues masculins. On peut pourtant gager qu'elles ont été
muses, compagnes de voyage, amies, mécènes, intellectuelles et
artistes actives et influentes dans la vie de tous ces hommes, dont
elles ont été parfois les mentor.
On retiendra
Joyce Johnson et ses Personnages secondaires, Diane Di Prima, poète,
Hettie Jones, non traduite en français à ma connaissance et bien
d'autres à chercher par vous-même si ça vous tente. Quant à Betty
Joyson, inutile de googler son nom, c'est un personnage fictif
inventé durant ma lecture de Sur la Route.
(Charles Jaynes et Joyce Johnson)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire